Les différences entre l’agroforesterie et le jardin-forêt pour la production agricole

Les grands principes de l’agroforesterie incluent l’arbre dans les pratiques agricoles en s’inspirant du modèle de la forêt. Le jardin-forêt est un mode de production vivrière issu de la permaculture. Le jardin-forêt VS l’agroforesterie a-t-il du sens si les deux tendent à reproduire la nature dans l’organisation des plantations ?

Qu’est-ce qu’un projet en agroforesterie et quelle est sa place dans l’agriculture actuelle ?

L’agroforesterie est un écosystème qui permet de multiplier les productions (animaux, fruits, fourrage, bois) en incluant l’arbre sur une même surface agricole.

L’agroforesterie : un concept nouveau pour l’agriculture en France ?

Si le terme d’agroforesterie est nouveau dans le paysage agricole en France, en réalité, c’est un concept vieux comme l’agriculture. Il consiste à mêler plusieurs axes de production autour de l’arbre afin de multiplier les synergies et la biodiversité.
Ces usages étaient courants autrefois, où on occupait les terrains de multiples façons. C’est l’agriculture intensive qui a spécialisé chaque plantation.

Comment cultive-t-on en agroforesterie en France ?

Il n’est pas rare de rencontrer encore aujourd’hui des méthodes culturales qui relèvent de l’agroforesterie :

  • sylvopastoralisme (animaux + forêts) ;
  • prés-vergers (fruitiers + animaux) ;
  • bocages (couvert pour les animaux sauvages) ;
  • truffiers (chênes + champignons) ;
  • cultures intercalaires entre fruitiers, etc.

L’arbre reste la constante dans ce système agricole.

Quel est l’avantage de cultiver en agroforesterie dans notre pays ?

On a longtemps considéré que l’agriculture ne pouvait être rentable qu’en reposant sur de la monoculture et beaucoup d’espace. Cela permettait de motoriser les outils pour travailler le sol et d’augmenter les rendements.
On a donc taillé les arbustes, arraché les arbres pour libérer l’espace et produire des plantes nourricières ou élever des animaux.

Les résultats d’une agriculture intensive

Après un peu plus d’un demi-siècle de ce système, le bilan est lourd :

  • la terre devient pauvre et sèche ;
  • le terrain n’est plus adapté à la culture de légumes ou autres plantes comestibles ;
  • les espèces aidant à la pollinisation disparaissent ;
  • les problèmes d’alimentation en eau deviennent insolubles ;
  • l’agriculture ne permet plus de vivre de sa ferme.

Les bénéfices de la culture en agroforesterie pour l’agriculture

En favorisant l’association de plusieurs modes de cultures, le monde agricole pourra y gagner sur plusieurs plans :

  • amélioration des capacités de production ;
  • amélioration du sol grâce aux racines et aux champignons mycorhiziens ;
  • fourniture de matière organique ;
  • diversification des cultures ;
  • biodiversité (accueil des animaux auxiliaires) ;
  • nouvelles productions agricoles complémentaires (fruits, fourrage, bois).

Qu’est-ce que le jardin-forêt et comment s’inscrit-il dans la permaculture ?

Le jardin-forêt est la conception d’un jardin potager sur le modèle des forêts. Dès lors qu’il s’inscrit dans des pratiques à l’identique de la nature, c’est de la permaculture.

Le concept de la production de légumes dans un jardin-forêt

Comme toutes les techniques de permaculture, le jardin-forêt s’inspire de l’organisation naturelle des plantes dans leur environnement.
Il tient compte de la biodiversité et s’attache à intégrer toutes les espèces de plantes et d’animaux à sa conception.
Il va au-delà de la culture en permaculture traditionnelle, c’est-à-dire la culture en lasagnes ou sur butte, en ce sens qu’il va davantage ressembler à l’organisation des strates des forêts.
Ici, pas d’interventions quotidiennes, on cultive ensemble les fruitiers, les légumes, éventuellement les fleurs, surtout quand la variété est comestible, et également les plantes qui aident au jardin.
Il produit les plantes grimpantes, les arbres ou autres espèces végétales qui vont :

  • attirer les insectes pollinisateurs ou les prédateurs ;
  • apporter de l’humus ;
  • fournir liens et tuteurs ;
  • qui vont fournir le couvert végétal ou le paillage ;
  • fournir les plantes pour préparer les purins, etc.

Le design du jardin-forêt et son écosystème

Le jardin-forêt s’inspirant directement de la structure des forêts, on y retrouve les 7 strates qui les composent :

  1. La canopée.
  2. Les petits arbres.
  3. Les arbustes.
  4. Les herbacées.
  5. Les légumes racines.
  6. Les rampantes et les champignons.
  7. Les plantes grimpantes.

En occupant toutes ces strates, on va produire des fruits et des légumes, le plus souvent vivaces.
Pour élever une forêt comestible, le design doit laisser passer la lumière, en créant des clairières.
Toutes les plantations sont possibles en respectant les synergies des plantes. Chaque strate étant représentée, elle offre la possibilité de faire pousser des lianes (vignes) qui vont courir sur des arbres fruitiers, qui feront de l’ombre aux espèces les plus sensibles (asperges), tandis que d’autres fourniront des herbes médicinales ou des piquets (noisetier ou châtaigner).
L’ensemble produit également du BRF, du bois de chauffage, du miel si l’on inclut des ruches, etc.

Jardin-forêt vs agroforesterie : le débat n’aura pas lieu

La permaculture est une façon de cultiver ses légumes en s’inspirant de l’organisation de la nature dans ses différentes strates, donc le jardin-forêt est une technique permacole.
Mêler l’exploitation d’une forêt comestible à l’arbre est une pratique liée à l’agroforesterie, donc le jardin-forêt est une technique agroforestière.
L’agroforesterie a pour but de régénérer naturellement les espaces agricoles en s’aidant de l’influence de l’arbre sur la faune sauvage, le climat et la qualité du sol, donc l’agroforesterie est une technique de permaculture.
La permaculture utilise les arbres pour apporter le gîte et le couvert à la faune auxiliaire, donc la permaculture relève de l’agroforesterie.
Jardin-forêt et agroforesterie ne sont pas des techniques qui s’opposent. Simplement, l’une est davantage tournée vers l’exploitation agricole professionnelle, notamment quand elle concerne l’élevage d’animaux.
Les jardins-forêts tiennent davantage des jardins potagers de particuliers, même s’ils n’excluent pas un mode d’exploitation assez important pour fournir les marchés locaux.
Vous voulez en savoir plus sur leur technique ? Vous trouverez facilement un livre ou une formation pour compléter vos connaissances et constater qu’il est impossible d’opposer jardin-forêt et agroforesterie.

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