L’éthique de la permaculture en 3 points

Fondée sur le respect de l’homme, la préservation de la terre et la notion de partage, l’éthique de la permaculture conjugue avec pragmatisme valeurs humanistes et souci d’efficacité.
Développés dans les années 70 par Bill Mollison et David Holmgren lors de la rédaction du livre fondateur Permaculture 1, ces principes cardinaux constituent le socle d’une méthode de planification écologique au carrefour de la science et de la philosophie.
À l’heure où la raréfaction des ressources naturelles et le changement climatique sont au centre des enjeux, cette « culture permanente » offre une alternative cohérente vers une société durable et équitable.

L’angle humain de l’éthique en permaculture

Prendre soin de l’humain
Tel est l’un des trois principes éthiques de la permaculture. Dans la nature, tous les êtres vivants sont interdépendants. L’Homme réagit de la même manière. Programmé dès qu’il vient au monde à trouver sa place parmi ses semblables, il est instinctivement attiré par le modèle de la vie en groupe. Avec sa communauté, il bâtit des projets, acquiert le sens des responsabilités, surmonte les difficultés, grandit et avance. En retour, il apporte sa contribution à l’effort collectif.
Avant d’éprouver l’efficacité de cette association, l’individu doit d’abord prendre soin de lui-même. Faire un travail d’introspection pour atteindre l’équilibre intérieur, canaliser son énergie et préserver sa santé constituent un point de départ indispensable pour ensuite pouvoir offrir son soutien à sa famille, ses voisins, ses amis et prendre une part active au sein de cette communauté stable, solidaire et prospère.
De cette manière peut naître une collaboration fructueuse basée sur la diversité, le partage des connaissances et des expériences, l’amélioration des compétences et la mutualisation du travail.

L’éthique de la permaculture : l’attention portée à la terre

Prendre soin de la terre
Dans l’éthique de la permaculture, la protection des milieux naturels trouve elle aussi sa place au sommet de la pyramide des bonnes pratiques et des principes éthiques de la permaculture.
La terre est le milieu qui fait vivre l’Homme. Oxygène, eau, plantes, nourriture, abri : la nature est à la source de toute vie. C’est elle qui livre les éléments essentiels à toute existence. Si ne pas polluer l’air que l’on respire ou empoisonner l’eau que l’on boit paraît alors évident, il n’en demeure pas moins que ce projet est insuffisant.
Se soucier de la terre, c’est avant tout veiller sur la diversité des animaux et des plantes, protéger le sol et les écosystèmes avec une attention toute particulière pour les forêts et les rivières, fournissant l’air et l’eau nécessaire à la vie.

Éthique et permaculture : le concept de la juste part

Partager les ressources équitablement
Parmi les piliers éthiques de la permaculture, la limitation de la production, la baisse de la consommation et de la démographie ainsi que l’idée de redistribution des surplus font écho au principe de frugalité et d’autorégulation.
En effet, nul n’ignore désormais que les ressources de la planète sont limitées. Épuisement des gisements naturels d’énergie fossile, raréfaction de l’eau douce, dérèglement climatique : la situation ne souffre aucun commentaire et il est impératif de modifier sa conception du monde. En commençant par changer son modèle de consommation afin de satisfaire ses besoins évalués à leur juste niveau.
Ce système de transition, présenté comme la révolution culturelle la plus importante de ces deux derniers siècles, serait la meilleure méthode pour anticiper la descente énergétique qui s’annonce et préparer un avenir post-pic axé sur le développement écologique où culture et nature seraient réconciliés.

Éthique et permaculture : les pères fondateurs, les fils spirituels et les précurseurs

Au début des années 70, sur l’île de Shikoku, Masanobu Fukuoka lançait sa révolution d’un seul brin de paille fondée sur l’agriculture sauvage. Ici, l’homme laisse faire son écosystème sans outils ni calendrier. Loin des pratiques qui accompagnent traditionnellement le jardin japonais, il ne modèle pas la nature ni ne traite le sol.
Même si l’on se rapproche des principes de la permaculture, il faudra attendre 1978 pour que le concept voie le jour avec la publication du livre Permaculture 1 coécrit par Bill Mollison et David Holmgren. Les principes fondamentaux de cette nouvelle agriculture permanente et la notion de « design de permaculture » (principe de conception) y sont évoqués pour la première fois.
Au fil des livres et des articles, les deux écologistes australiens affinent leurs principes et leurs outils. Passant du rang d’agriculture permanente à celui de culture permanente, la permaculture déborde désormais du cadre du jardinage ou du potager et se présente comme une méthode d’organisation collective du quotidien (logement, énergie, transport, gestion de quartiers ou de villes).
C’est dans ce contexte que l’on retrouve Rob Hopkins, l’un des initiateurs du réseau des villes en transition rassemblant des communautés urbaines autour d’un projet écocitoyen et durable sur le principe de la transition énergétique et alimentaire.
La permaculture est ici source d’inspiration lorsqu’il s’agit de relocaliser l’agriculture en ville (potager et design de permaculture urbains, jardin sur les toits, bourses aux plantes pour la dépollution du sol, compostage….), création de systèmes de monnaie locale ou vente en circuit court.