David Holmgren : l’éthique de la permaculture

Énoncés dans le livre Permaculture : Principes et pistes d’action pour un mode de vie soutenable, les principes éthiques de David Holmgren posent les fondements d’une démarche systémique prônant un nouveau modèle de croissance où bien-être humain, société équitable et protection de la terre sont indissociables.
Face au risque d’épuisement des ressources et au dérèglement climatique, la permaculture déborde du seul cadre du jardinage et de l’agriculture et apporte une réponse applicable à l’ensemble des domaines de la vie (logement, transports, énergie, médecine, économie), passant d’une agriculture permanente à une culture permanente.

Les 3 principes éthiques de la permaculture selon David Holmgren

La permaculture repose sur des principes éthiques que David Holmgren classe en trois catégories interdépendantes dans son livre Permaculture : Principles & Pathways Beyond Sustainability (traduit en français sous le titre Permaculture : Principes et pistes d’action pour un mode de vie soutenable).
Applicable à tous les domaines de la vie quotidienne et partout dans le monde, cette éthique résulte de l’observation de la vie à l’état naturel et du savoir des sociétés traditionnelles vivant en équilibre avec leur écosystème.

Prendre soin de la Terre

La nature n’est pas une ressource illimitée à la disposition de l’humain. Au contraire, l’humain fait partie de la nature et, en tant que tel, il n’est qu’un maillon de la chaîne de la biodiversité.
Pour s’épanouir, il a besoin de l’équilibre des écosystèmes en prenant en compte le sol, les forêts et l’eau. Se soucier de la terre, c’est aussi prendre conscience que chaque acte peut avoir un impact immédiat, ou des années plus tard, sur l’environnement, qu’il s’agisse d’un jardin, d’un champ, d’une rivière…

Prendre soin de soi-même et des autres êtres humains

Une société bien portante est, par définition, composée d’individus qui se sentent bien. Pour atteindre cet objectif, chaque membre du groupe doit d’abord être attentif à lui-même.
Faire un travail sur soi pour accéder à la paix intérieure et rester en bonne santé est une étape nécessaire pour pouvoir prendre soin de sa famille, de son cercle amical, de ses voisins et trouver sa place dans le collectif.

Partager équitablement

Qu’on l’appelle juste part, limitation de la consommation et de la démographie ou redistribution des surplus, la notion de partage équitable fait référence à une certaine culture de la sobriété et de l’autorégulation.
Il s’agit ici d’évaluer ses besoins à leur juste niveau et tempérer sa façon de consommer afin d’amoindrir son impact sur les ressources naturelles, l’environnement et le changement climatique.

David Holmgren : les 12 principes de conception ou design en permaculture

Complétant les publications coécrites avec Bill Mollison (l’autre père de la permaculture), David Holmgren livre 12 principes de conception sur lesquels s’adosser pour bâtir une société durable.
Fondés sur la méthode systémique et le « design thinking ». Ils sont conçus comme des solutions pour identifier, mettre en place et faire évoluer son projet en permaculture.

  1. Observer et interagir : il faut compter sur ses capacités d’observation et d’interaction sensible afin de trouver la meilleure méthode pour avancer.
  2. Capter et stocker l’énergie : soleil, vent, eaux de ruissellement, déchets peuvent être source d’énergie durable.
  3. Créer une production : en principe, tout système doit assurer une autonomie à tous les niveaux.
  4. Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction : en comprenant le fonctionnement des rétroactions positives et négatives dans le monde naturel, il est possible de concevoir des systèmes autorégulés, réduisant le travail généré par des actions correctives.
  5. Ne pas produire de déchets : le principe de résilience consiste à minimiser les déchets en concevant des systèmes où tout ce qui est produit par les sous-systèmes est utilisé.
  6. Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables : par définition, les ressources sont renouvelables lorsqu’elles sont remplacées par des processus naturels. Les services sont renouvelables lorsqu’ils sont ceux fournis par les plantes, les animaux, le sol et l’eau sans qu’ils soient consommés.
  7. Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails : l’environnement permet de s’inspirer d’un motif pour la conception d’un système en modifiant son échelle, à l’exemple du jardin-forêt.
  8. Intégrer plutôt que séparer : tous les éléments d’un système autonome remplissent plusieurs fonctions. Leurs relations peuvent être prédatrices, concurrentielles, coopératives, voire symbiotiques.
  9. Utiliser des solutions à de petites échelles et avec patience : pour qu’il soit réalisable, efficace énergétiquement et durable, tout projet ou système doit être conçu à échelle humaine en fonction des capacités de l’individu.
  10. Utiliser et valoriser la diversité : source de résilience, la diversité résulte d’un équilibre, une tension voire une association dans la nature. Au fil des années, ces interactions rendent les plantes moins sensibles aux ravageurs et aux aléas climatiques.
  11. Utiliser les interfaces et valoriser les éléments en bordure : la bordure entre deux milieux se révèle fréquemment plus riche en biodiversité que chacun des milieux qu’elle côtoie.
  12. Utiliser le changement et y réagir de manière créative : il faut parfois sortir de sa zone de confort pour mieux se réinventer en utilisant le changement de manière volontaire et coopérative ou en s’adaptant de façon créative aux bouleversements incontrôlables.